ACTA: Menace globale pour les Libertés (Lettre ouverte)

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Mis-à-jour le 24 décembre 2009.

Paris, le 10 décembre 2009 – Une coalition mondiale d’organisations non-gouvernementales, d’associations de consommateurs et de fournisseurs de services en ligne publie une lettre ouverte adressée aux institutions européennes concernant l’accord commercial relatif à la contrefaçon (ACTA), actuellement en négociation. Ces organisations appellent le Parlement européen et les négociateurs de l’UE à s’opposer à toute mesure dans l’accord multilatéral qui porterait atteinte aux droits et libertés fondamentaux des citoyens en Europe et à travers le monde.

Les négociateurs européens ont récemment soumis des éléments de réponse à la proposition du représentant américain au commerce concernant chapitre Internet de l’ACTA. Ceux-ci restent pour le moment inconnus. Il est toutefois indispensable que l’Union européenne s’oppose fermement aux mesures secrètement négociées. En plus de mesures de « riposte graduée » de style HADOPI, elles concernent également la responsabilité des intermédiaires techniques et mèneraient au filtrage du Net, et porteraient atteinte à l’interopérabilité des fichiers d’œuvres numériques légalement acquis.

Parmi les premiers signataires de la lettre ouverte se trouvent: Consumers International (fédération mondiale regroupant 220 associations de consommateurs dans 115 pays), EDRi (27 ONG européennes œuvrant à la défense des droits civiques et du droit à la vie privée), la Free Software Foundation (FSF), l’Electronic Frontier Foundation (EFF), l’ASIC (association des services Internet communautaires) ansi que des associations de défense des libertés de toute l’Europe (déja 9 États Membres représentés).
Il est encore temps d’ajouter le nom de votre organisation à la liste des signataires !

ACTA: Menace globale pour les Libertés

lettre ouverte

L’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA) est un large accord
intergouvernemental en cours de négociation allant des questions
sociales essentielles d’accès aux médicaments[1] à la régulation pénale
d’Internet. Nous craignons que cet accord ne nuise sérieusement à
l’innovation européenne dans le marché unique numérique, tout en
portant atteinte aux libertés fondamentales et à la démocratie dans son
ensemble.

Le processus de négociation pose en lui-même d’importantes questions
de transparence et de respect des processus démocratiques, étant donné que
le contenu du projet d’accord a été tenu secret depuis plus de 18 mois,
et ce bien que certains détails des propositions aient récemment fait
l’objet d’une fuite. Plus inquiétant encore, alors que le Parlement
européen s’est
vu refuser l’accès aux documents, l’industrie américaine y a eu accès,
après avoir signé des accords de non-divulgation.

Une récente analyse de la Commisson européenne[2] concernant le
chapitre Internet de l’ACTA démontre que les questions en cours de
discussion vont bien au-delà de l’acquis communautaire. Plus important,
l’analyse de la Commission confirme que le document de travail actuel de l’ACTA
restreindrait profondément les droits et libertés des citoyens
européens, principalement la liberté d’expression et la protection des
communications privées. Celles-ci sont en effet très fortement menacées, puisque
le projet en cours appelle à l’adoption de dispositifs de « riposte
graduée » et de filtrage de contenus en tentant d’imposer la
responsabilité civile et pénale des intermédiaires techniques, tels que
les fournisseurs d’accès Internet. Le texte pourrait également
radicalement mettre en cause l’exercice de l’interopérabilité, qui est essentiel
à la fois aux droits des consommateurs et à la compétititivé.

En conséquence, nous appelons le Parlement à enjoindre les
négociateurs européens à établir la transparence du processus de
négociation en publiant le projet d’accord, et à ne pas accepter une
proposition qui nuirait aux droits et libertés des citoyens. De plus,
nous exhortons le Parlement à indiquer fermement à la Commission et au
Conseil que tout accord ne respectant pas ces principes fondamentaux
forcerait le Parlement à rejeter le texte dans son entier.

[1] Voir:
http://www.oxfam.org/en/pressroom/pressrelease/2009-07-15/criminalize-generic-medicines-hurt-poor-countries

[2] Voir:
http://sharemydoc.org/files/philip/ec_analysis_of_acta_internet_chapter.pdf