Audience contre le Privacy Shield devant le Tribunal de l’UE !

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Mise à jour du 24 juin : au dernier moment, le Tribunal a suspendu la procédure, préférant attendre qu’avance l’affaire actuellement portée par Max Schrems devant la Cour de justice de l’Union européenne et dont les enjeux sont considérés comme proches de la nôtre. L’audience qui était prévue pour le 1er et 2 juillet est reportée à une date inconnue.

Le régime de surveillance des Etats-Unis va de nouveau être examiné par les juges européens. Après 3 ans de procédure, l’audience sur notre affaire contre le « Privacy Shield » a enfin été fixée aux 1er et 2 juillet. Retour sur ces 3 années de combat.

En 2000, la Commission européenne a autorisé un accord, appelé « Safe Harbor », pour faciliter le transfert de données personnelles des européens vers les États-Unis.

Le 6 octobre 2015, la Cour de justice de l’Union européenne a invalidé cette autorisation, dans un recours initié par Max Schrems (lire notre réaction de l’époque). Pourquoi ? Car le Safe Harbor laissait les services de renseignement états-uniens accéder aux données des personnes européennes et qu’Edward Snowden venait de révéler l’atteinte massive qui en résultait pour nos libertés.

Le 12 juillet 2016, la Commission européenne a tenté de revoir sa copie : elle a autorisé un nouvel accord de transfert de données vers les États-Unis, le « Privacy Shield » (voir notre réaction).

Le 17 novembre 2016, nous attaquions ce nouvel accord devant le Tribunal de l’Union européenne aux côtés de FFDN et FDN (voir notre saisine commune). Bien qu’un peu moins vague que le Safe Harbor, ce nouveau Privacy Shield continue de permettre des mesures abusives de la part des États-Unis, telles que la surveillance de masse – la Commission le reconnaissait elle même. De plus, pour nous, faire invalider cet accord serait une façon de renforcer la jurisprudence européenne opposée à la surveillance de masse, que nous pourrions ensuite utiliser contre les abus de la loi française.

Le Tribunal de l’Union a jugé notre recours suffisamment grave et sérieux pour ouvrir la procédure. La Commission européenne a du défendre son texte, au secours duquel sont venus de nombreux pays (au premier rang desquels les États-Unis et la France, mais également l’Allemagne, le Royaume-Unis, les Pays-Bas, la République tchèque) et entreprises (Microsoft et Digitaleurope, représentant notamment tous les GAFAM), chacun produisant leurs écritures, auxquelles nous avons du répondre à notre tour (voir notre réponse à la Commission puis celle à ses alliées).

De notre côté, l’UFC Que Choisir est intervenue à notre soutien et l’ACLU (association historique de défense des libertés aux États-Unis) nous a largement aidé pour décrire en détail le régime de surveillance états-unien.

Ces différents échanges d’écritures ont pris fin le 10 avril 2019, où nous avons répondu à une série de questions posées par le Tribunal pour éclairer sa décision. Après presque 3 ans de procédure, le jour de l’audience est donc enfin venu ! Elle se tiendra le 1er et 2 juillet au Luxembourg, nous permettant d’appuyer tous nos arguments à l’oral face à la probable quarantaine d’avocats représentant nos nombreux et si puissants adversaires.

Il s’agira sans nul doute de l’audience la plus importante à laquelle La Quadrature du Net aura jamais participé. Une victoire aurait des conséquences colossales, tant sur notre exposition à la surveillance des États-Unis que sur le droit des pays européens. Nous allons la chercher sans frémir.