[NouvelObs] « Au moins, dans un système totalitaire, on sait à quoi on a affaire »

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La loi sur le renseignement prévoit des algorithmes pour détecter les comportement suspects. Une « idéologie du big data » qui risque de nous pousser à nous autocensurer, prévient la chercheuse Antoinette Rouvroy. […]

« Ça me pose question sur les droits et libertés fondamentaux. Parce qu’il me semble qu’ils ne sont pas là pour protéger les formes de vie, d’expression, de comportements, banales, normales, standardisées… Au contraire, ils sont là pour protéger les prises de position qui, sans être jugées illégales, sont jugées déviantes, malsaines, voyeuristes…
Les droits de l’homme jouent le rôle d’auto-subversion de la norme juridique par elle-même.
J’ai un peu peur que ce type de projet de loi érode progressivement, sans qu’on s’en rende compte, cette signification fondamentalement anti-totalitaire des droits et libertés fondamentaux.
 » […]

« Je pense qu’il y a des alternatives. Mais elles demanderaient un certain nombre de sacrifices. Parce que tout ça, c’est très confortable aussi. Cette automatisation, cette préemption, le fait de ne pas avoir à décider… » […]

« Le droit est une machine assez magique qui peut tout faire. Donc on pourrait l’utiliser de façon plus stratégique que ce qu’on fait aujourd’hui. Je ne pense pas que l’on fasse face à une situation inéluctable. C’est une question de volonté politique. »

http://rue89.nouvelobs.com/2015/03/28/moins-systeme-totalitaire-sait-a-quoi-a-affaire-258343