[lesechos.fr] Tous les pirates ne sont pas des radins

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Mme Albanel aime les artistes. On peut le lire sur le site j’aimelesartistes.fr, créé à l’occasion de la discussion de la loi création et Internet au Parlement. L’objectif de celle-ci (passée en première lecture au Sénat) est de combattre le téléchargement illégal, responsable de tous les maux (économiques) des industries de la culture. L’UFC-Que Choisir n’aime pas la loi création et Internet. Sur le site ca-va-couper.fr, l’association s’oppose au dispositif de riposte graduée, mettant notamment en avant l’atteinte aux libertés individuelles.

D’un côté, il y a la commission de Denis Olivennes, ancien PDG de la FNAC, et une constellation d’études, plus ou moins robustes, qui avancent l’impact particulièrement négatif du téléchargement illégal sur la vente de supports enregistrés (CD, DVD).[…] De la corrélation à la causalité, le pas est vite franchi. […] De l’autre côté, l’UFC-Que Choisir avance des arguments tout aussi tranchés. Techniquement irréaliste, onéreuse et non rémunératrice pour les artistes, la loi est présentée comme singulièrement répressive pour les internautes. […]

A partir d’une enquête menée auprès de 1.600 internautes, représentatifs de la population, il ressort une forte complémentarité entre la consommation de vidéos sur Internet et hors Internet.[…] Les individus qui ont déclaré dans cette enquête avoir téléchargé un bien culturel sur un réseau P2P achètent en moyenne plus de DVD et vont plus au cinéma que les autres internautes. […] Il paraît donc pour le moins excessif de qualifier les utilisateurs de P2P de « pirates » ou de « radins » dès lors que leurs pratiques de consommation payantes se révèlent en moyenne supérieures au reste des internautes.

Enfin le dernier enseignement a trait au consentement à payer pour des offres légales et, là encore, les « radins » ne le sont probablement pas. En effet, les internautes qui déclarent télécharger illégalement sont aussi ceux qui plébiscitent le plus souvent une offre légale payante, mais adaptée à leurs pratiques.

La loi création et Internet, parce qu’elle n’envisage qu’une face du problème, non seulement met à mal la liberté de l’internaute, mais pose question quant à l’accès à la culture non institutionnelle sous toutes ses formes.

http://www.lesechos.fr/info/analyses/4814214-tous-les-pirates-ne-sont-pas-des-radins.htm